20 mai 2021 – Remise du Titre de Gardien de la Vie à Bernard Giberstein

Le lundi 20 mai 2021, en fin d’après-midi, une cérémonie emplie d’émotion avait lieu au Mémorial de la Shoah pour honorer la mémoire de Bernard Giberstein. Pour son action héroïque pendant la Shoah, le fondateur de la mythique société DIM a été récompensé à titre posthume du Titre de Gardien de la Vie.

La première partie de la cérémonie était marquée par la signature officielle de la convention de dépôt des archives de l’association au Mémorial de la Shoah entre son Président, le Dr. Jean-Bernard Lemmel et Jacques Fredj, Directeur du Mémorial de la Shoah. De nombreux dossiers ont été instruits qui sont maintenant consultables au centre de documentation du Mémorial de la Shoah.

Bernard Giberstein
Jacques Fredj, Directeur du Mémorial de la Shoah - Dr. Jean-Bernard Lemmel, Président de l'Association

La cérémonie en l’honneur de Bernard Giberstein a ensuite pu débuter, présentée par l’auteure de ces lignes.

L’association a en effet découvert grâce aux recherches conduites par son fils Daniel que Bernard Giberstein, connu pour être le fondateur de Dim avait pris des risques considérables en faisant passer plusieurs familles juives de la France vers la Suisse pendant la Shoah. N’appartenant à aucun réseau et armé d’un courage qui force l’admiration, Bernard Giberstein a pris des risques inconsidérés pour sauver ces persécutés. Ce résistant à l’ennemi nazi a été arrêté trois fois par la Gestapo : il a échappé autant de fois miraculeusement à la mort.

« Il n’en a jamais parlé, ne s’en est jamais vanté, ne s’est jamais confié. Pas même à sa famille. Grâce à son fils Daniel qui n’a découvert que récemment ces faits, on en sait davantage sur les actions héroïques de l’homme qui a popularisé le bas nylon et révolutionné la lingerie. Une enquête historique, corroborée par des témoignages, confirme le courage dont cet homme a fait preuve. Une abnégation presque désespérée pour ce juif polonais dont toute la famille avait connu un sort dramatique qui aurait pu être le sien. Par son attitude héroïque, Bernard Giberstein mérite d’être nommé au titre de Gardien de la Vie » avons-nous rappelé aux nombreuses personnes présentes dans l’assistance.

De droite à gauche : Haïm Korsia, Grand Rabbin de France, Michel Drucker, Daniel Giberstein et le Grand Rabbin Alain Goldmann
Daniel Giberstein entouré des enfants de son frère Michel Giberstein

Avant la remise du précieux diplôme, un court film a été diffusé. Il s’agissait d’un montage de quelques minutes, extrait d’un document bien plus long. Des femmes et des hommes de tous les échelons qui ont travaillé dans la société DIM ou qui ont côtoyé son directeur, y ont témoigné de la personnalité de l’homme, mais aussi du chef d’entreprise qu’a été Bernard Giberstein. Parmi eux, Vita Sztulman née Syzinski, malheureusement décédée depuis. Sa famille est passée en Suisse pendant l’Occupation grâce à Bernard Giberstein, lequel deviendra le patron de son mari par le plus pur des hasards. Sa petite sœur Ida, qui avait trois ans à l’époque, assistait à la cérémonie. L’occasion aussi d’entendre le témoignage d’un des directeurs de la filiale de DIM en Israël, GIBOR.          

Ensuite, solennellement, le précieux diplôme de Gardien de la Vie a été décerné à titre posthume à Bernard Giberstein pour son action héroïque au cours de la Seconde Guerre mondiale.

Le président Jean-Bernard Lemmel l’a ainsi remis à son fils Daniel, et aux enfants de son second fils, Michel, retenu en Israël : Stéphanie, Alix et Jérémie.

Daniel Giberstein, à l’origine de la découverte de ce pan d’histoire jusque-là méconnu a prononcé quelques mots pour rappeler sa démarche et son honneur de voir l’action de son père récompensée.

Ce fut ensuite Michel Drucker, ami de Daniel Giberstein, qui prit la parole. Avec une émotion non feinte, l’homme de télévision et de radio a rappelé comment son père, Abraham Drucker alors médecin au camp de Drancy, avait sauvé celle qui deviendra la future épouse du créateur de DIM.

S’en sont suivies quelques paroles du Grand Rabbin de France, Haïm Korsia, qui nous faisait l’honneur de sa présence et qui découvrait cette histoire méconnue.

Le ministre plénipotentiaire près l’Ambassade d’Israël à Paris, Marc Attali, a ensuite rappelé ce qu’a représenté GIBOR, la filiale de DIM implantée en Israël.

Rémy Rebeyrotte, député de Saône-et-Loire et ancien maire d’Autun, ville dans laquelle est implantée l’usine DIM, a poursuivi cette cérémonie avant que le président du Consistoire Central Joël Mergui ne rappelle l’importance de l’action des Gardiens de la Vie qui permettent de mettre en lumière l’action d’hommes et de femmes juifs pendant la Shoah, jusque-là ignorée.

Tout au long de la soirée, des photographies représentant Bernard Giberstein ou ses proches étaient projetées, ajoutant à la solennité de l’instant.

La cérémonie s’est conclue autour d’un verre de l’amitié où l’émotion émanant de la découverte des propos précédents a continué à agir.

Sandrine Szwarc